" SEQUESTREE " de Chevy STEVENS
Il faut que je vous dise, docteur. Ce
n'est pas la première fois que je vois un psy depuis mon
retour. Quand je suis rentrée chez moi, mon médecin
traitant m'en a recommandé un qui n'était pas piqué
des vers. Il a d'abord voulu me faire croire qu'il ne savait pas qui
j'étais. N'importe quoi. Il faudrait être sourd et
aveugle pour ne pas savoir qui je suis. Je ne peux pas mettre un pied
dans la rue sans qu'un crétin de photographe, planqué
derrière un buisson, pointe son téléobjectif.
Avant toute cette histoire, personne ou presque ne savait où
se trouvait l'île de Vancouver. Clayton Falls. Aujourd'hui,
l'île est devenue le lieu de l'enlèvement.
Pour en
revenir au psy en question, son cabinet était à l'image
du bonhomme. Des canapés en cuir noir, des plantes en
plastique, un bureau chromé. Tout pour mettre le patient en
confiance. Pas un papier qui traînait. A part son sourire de
travers, tout était recta chez lui. C'est d'ailleurs curieux
qu'un type aussi maniaque n'ait jamais cherché à se
faire rectifier les dents.
Il a commencé par me poser des
questions sur ma mère avant de me donner une pochette de
feutres pour que je dessine la couleur de mon ressenti. Quand je lui
ai demandé s'il se moquait de moi, il m'a dit que c'était
normal de refouler mes sentiments, que je devais «prendre la
thérapie à bras-le-corps». Qu'il aille se faire
foutre avec sa thérapie. J'ai tenu deux séances avant
de claquer la porte, sans savoir si je devais le tuer ou me
suicider.
Bref, j'ai attendu le mois de décembre, quatre
mois après mon évasion, pour retenter l'expérience
avec vous. J'avais fini par me résigner à rester la
tête à l'envers, mais je dois avouer que l'idée
de passer le restant de mes jours dans cet état ne me
réjouissait pas vraiment... Et puis j'ai bien aimé ce
que vous avez écrit sur votre site. J'ai trouvé ça
plutôt drôle pour une psy. En plus, vous aviez l'air
sympa sur la photo. Et vous avez de belles dents. Et pas un tas
d'initiales incompréhensibles accolées à votre
nom en guise de pedigree. Je ne cherche pas le meilleur psy de la
terre, ni le plus connu. Rien à foutre de l'ego, sans parler
du prix des consultations. Je me fiche aussi que ce soit à une
heure et demie de voiture de chez moi. Ça m'oblige à
sortir de Clayton Falls, à condition de semer les
photographes.
Ne vous bercez quand même pas d'illusions. Ce
n'est pas parce que vous avez l'air d'une petite grand-mère
que ça m'amuse d'être ici. Au passage, vous seriez
parfaite avec des aiguilles à tricoter. Et puis vous voulez
que je vous appelle par votre prénom. Laissez-moi deviner...
Vous appeler Nadine est censé me convaincre qu'on est copines
? C'est ça ? Que je peux tout vous raconter, même les
trucs que je préférerais oublier et dont je n'ai aucune
envie de parler ? Désolée, mais je ne vous paye pas
pour être ma copine et je préfère continuer à
vous appeler docteur.
" Le lac aux secrets " de Adèle GERAS
Dans sa grande demeure baignée
des dernières lueurs de l'été, Leonora Walsh,
fille d'un célèbre peintre dont elle garde jalousement
les tableaux, réunit ses proches pour fêter ses
soixante-quinze ans. Tous ont répondu présent sa fille
aînée, Gwen, accompagnée de son mari et de leurs
trois enfants ; la cadette, Rilla, qui s'efforce d'oublier pour un
temps le drame de sa vie ; sans oublier Beth, la belle-fille de
Rilla, venue dans l'espoir de voir l'homme qui occupe toutes ses
pensées, son cousin Efe. Mais peu à peu le vernis
policé de cette réunion conviviale se craquelle :
rancœurs, non-dits, histoires soigneusement enfouies refont
surface... Quelle tragédie cache le clan Walsh ?
" Les années " de Annie ERNAUX
«La photo en noir et blanc d'une
petite fille en maillot de bain foncé, sur une plage de
galets. En fond, des falaises. Elle est assise sur un rocher plat,
ses jambes robustes étendues bien droites devant elle, les
bras en appui sur le rocher, les yeux fermés, la tête
légèrement penchée, souriant. Une épaisse
natte brune ramenée par-devant, l'autre laissée dans le
dos. Tout révèle le désir de poser comme les
stars dans Cinémonde ou la publicité d'Ambre Solaire,
d'échapper à son corps humiliant et sans importance de
petite fille. Les cuisses, plus claires, ainsi que le haut des bras,
dessinent la forme d'une robe et indiquent le caractère
exceptionnel, pour cette enfant, d'un séjour ou d'une sortie à
la mer. La plage est déserte. Au dos : août
1949, Sotteville-sur-Mer.» Au travers de photos et de souvenirs
laissés par les événements, les mots et les
choses, Annie Ernaux donne à ressentir le passage des années,
de l'après-guerre à aujourd'hui. En même temps,
elle inscrit l'existence dans une forme nouvelle d'autobiographie,
impersonnelle et collective.
" L'homme aux yeux de diamant " de Christine ARNOTHY
L'histoire de L'homme aux yeux de
diamant se déroule entre l'Europe et les USA, dans le milieu
des diamantaires et celui des commanditaires de crimes souterrains.
Christine Anorthy nous raconte l'existence passionnante d'un marchand
de pierres précieuses qui risque jusqu'à sa vie pour
acquérir les " Yeux ", deux diamants de cinquante
carats chargés de légendes. Souvent le sang couleur
rubis coule, les intrigues se nouent et créent une tension
incessante. Et les crimes, même les plus sophistiqués,
ne sont jamais parfaits... les personnages de Christine Arnothy sont
tous les victimes et les héros d'un double et éternel
fantasme : l'argent et le pouvoir. Une intrigue haletante.