"Rien ne s'oppose à la nuit" de Delphine DE VIGAN
La douleur de Lucile, ma mère, a fait partie de notre enfance et plus
tard de notre vie d'adulte, la douleur de Lucile sans doute nous
constitue,
ma soeur et moi, mais toute tentative d'explication est vouée à
l'échec. L'écriture n'y peut rien, tout au plus me permet-elle de poser
les questions et d'interroger la mémoire.
La famille de Lucile, la nôtre par conséquent, a suscité tout au long de
son
histoire de nombreux hypothèses et commentaires. Les gens que j'ai
croisés au cours de mes recherches parlent de fascination ; je l'ai
souvent entendu dire dans mon enfance.
Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l'écho inlassable des morts,
et le retentissement du désastre. Aujourd'hui je sais aussi qu'elle
illustre, comme tant d'autres familles, le pouvoir de destruction du Verbe, et celui du silence.
Le
livre, peut-être, ne serait rien d'autre que ça, le récit de cette
quête, contiendrait en lui-même sa propre genèse, ses errances
narratives, ses tentatives inachevées. Mais il serait cet élan, de moi
vers elle, hésitant
et inabouti.
jeudi 16 novembre 2017
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